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Coupures d’Internet et leur impact sur la vie quotidienne et l’économie au Yémen

Sawt Al-Amal (La Voix de l’Espoir) – Yasmine Abdulhafeez

En 2022, le Yémen a connu une coupure d’Internet dans tout le pays pendant quatre jours consécutifs, en raison des répercussions du conflit. Cette coupure a été une catastrophe pour divers aspects de la vie quotidienne et économique. En effet, les citoyens ont perdu les services les plus importants qui leur permettent de communiquer entre eux par la voix et l’image, avec le moins d’effort et de coût, facilement et efficacement, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur du Yémen. De nombreuses entreprises ont cessé leurs activités en raison de leur dépendance à l’égard d’Internet pour communiquer avec les clients et les fournisseurs. L’éducation et les services de santé ont également été gravement touchés par la coupure d’Internet.

En outre, cette coupure a entraîné des pertes financières importantes pour les entreprises et les institutions, et une baisse de l’activité économique en général. Ceci confirme que les services de télécommunications et d’internet sont d’une importance capitale dans divers aspects de la vie quotidienne et économique.

Amal Mohammed Salem (un pseudonyme) déclare : « Pendant cette période, elle a constaté que le service Internet est l’un des services les plus importants fournis par les sociétés de télécommunications à leurs citoyens. Sans lui, le monde vivrait une vie difficile, et les gens seraient isolés les uns des autres. En particulier, de nombreuses familles communiquent avec leurs proches à l’étranger via Internet grâce à des applications de communication directe. De plus, de nombreuses personnes de la société ont perdu de nombreuses opportunités éducatives, de formation et de connaissance dans divers domaines tels que la politique, l’économie, la technologie, la culture et l’éducation ».

Amal est l’une des millions de citoyens yéménites qui ont été touchés par l’interruption du service Internet au Yémen. Elle réside dans le gouvernorat d’Al-Hodeidah, avec sa famille. Avant la coupure d’Internet, elle s’était rendue à Sana’a pour suivre une formation en anglais. Son père lui avait suggéré de développer ses compétences linguistiques en suivant des cours dans l’une des institutions d’enseignement de la langue anglaise.

La jeune femme a indiqué que pendant cette période loin de sa famille, le service Internet était son seul lien avec eux pour une communication continue et pour s’assurer de leur bien-être, d’autant plus que c’était la première fois qu’elle les quittait. À cause de la coupure d’Internet dans le pays, elle n’a pas pu les contacter par voix et image, même si elle communiquait avec eux par téléphone, mais pas avec le même niveau de confort et d’assurance qu’ils avaient l’habitude. De plus, la communication par téléphone lui coûtait beaucoup d’argent chaque jour.

Amal a affirmé qu’elle se sentait isolée du monde et qu’elle n’a pas pu accéder aux cours et aux informations qu’elle trouvait habituellement en naviguant sur Internet. Elle se demande : « Comment les gens peuvent-ils apprendre sans Internet ? Et vont-ils recevoir une éducation solide sans Internet ? ».

Amal n’était pas la seule à être affectée par la coupure d’Internet à ce moment-là, ni même par la médiocrité du service qui a exacerbé les difficultés des jeunes aspirant à se développer électroniquement, à moindre coût que de voyager à l’étranger. Abdelsalam Mohammed, étudiant à la Faculté d’économie, département de gestion des affaires, travaillait dans la conception de sites Internet et dans certaines tâches nécessitant une connexion Internet rapide. Cependant, la coupure survenue, en plus de la faiblesse du service et des coupures fréquentes, a entraîné une importante perte dans son travail.

Le domaine des médias n’a pas été épargné par les dommages causés par la coupure d’Internet au Yémen .En effet, l’approvisionnement en nouvelles de nombreux sites d’information électroniques a été interrompu, le nombre de visites sur les sites a diminué, ce qui a entraîné des pertes financières .De plus, le niveau d’interaction sur les réseaux sociaux a diminué en raison de cet arrêt .Le travail des agences de presse et des journaux étrangers a également été interrompu en ce qui concerne la couverture des nouvelles du Yémen de l’intérieur, en raison de la difficulté de communiquer avec leurs correspondants.

Ces dernières années, le besoin des citoyens yéménites en services de télécommunications divers a augmenté, que ce soit pour les appels téléphoniques ou l’utilisation d’Internet, en particulier avec la difficulté de se déplacer d’une région à l’autre. En fait, le service téléphonique est une solution pour que l’individu puisse communiquer avec les autres, et il permet de gagner du temps et de l’argent dans les transactions, en plus de contribuer de manière significative à la cohésion sociale.

Avec la coupure du service Internet (Yemen Net) dans cette période, qui a touché tous les gouvernorats du Yémen, le rôle du service (Aden Net) a pris de l’importance, fonctionnant uniquement dans le sud du Yémen, en particulier à Aden. Il utilise la technologie (4G), qui a été lancée en 2018, offrant des vitesses élevées allant de 5 à 30 mégabits. C’était une alternative au service (Yemen Net) pendant cette période, mais son activité était limitée uniquement à la ville d’Aden, et elle ne pouvait pas être utilisée en dehors des points du gouvernorat.

Un aperçu des services de télécommunications au Yémen

Le secteur de télécommunications au Yémen a connu un développement important au cours des deux dernières décennies. Le nombre d’utilisateurs de téléphones portables a augmenté de manière significative et la couverture Internet s’est étendue pour inclure toutes les régions du pays.

Le service Internet a été lancé au Yémen en 1996 par la société de télécommunications yéménite (TeleYemen), la plus ancienne société, créée en 1990 par un partenariat entre la société publique des télécommunications filaires au Yémen et la British Cable & Wireless. Ses principaux services incluent les appels internationaux, l’internet et d’autres services.

Le nombre d’abonnés à Internet à la Société générale des télécommunications a atteint plus de 531 405 abonnés à mi-2023, couvrant les services ADSL, LTE 4G, et la fibre optique, selon un rapport publié par l’entreprise et relayé par l’agence de presse yéménite Saba.

Les services Internet connaissent également une forte demande en raison de l’essor mondial dans les domaines de la politique, de l’économie et de l’éducation technologique dans différents pays du monde. Cela a conduit les individus à rester constamment connectés à Internet pour suivre tous ces développements, les essayer et les appliquer, d’autant plus que l’Internet est devenu disponible partout via des appareils mobiles, et à un coût minimal.

Parallèlement à la nécessité vitale des services Internet dans les transactions commerciales et bancaires, et dans l’éducation à distance, telle que les cours et les ateliers de formation, ainsi que l’accès à des ressources éducatives variées, y compris des livres électroniques, des instructeurs humains, et plus encore.

Le rapport du Centre d’information a souligné que le Yémen dispose de plusieurs systèmes de réseau local pour fournir des services de téléphonie mobile, dont l’une est détenue par le secteur privé, l’État et certains citoyens en tant qu’investisseurs. Ce système s’appelle CDMA (Code-division Multiple Access). Il existe un autre système, le GSM, (Global System for Mobile Communication) utilisé par trois sociétés de téléphonie mobile, qui a commencé à être opérationnel en 2001.

 Le rapport a souligné que la concurrence pour le développement de services pour les citoyens, leur couverture dans toutes les régions du pays, ainsi que la concurrence sur les prix, ont contribué à augmenter le nombre d’utilisateurs de téléphones portables au Yémen.

Les services de télécommunication au Yémen

Raid Al-Thabti, universitaire à l’Université de Saba, déclare : « Les services de télécommunications au Yémen restent modestes et dégradés, comparés à ceux des autres pays du monde, bien que le Yémen ait été l’un des meilleurs dans le domaine de télécommunications ».

Il ajoute aussi dans ses propos que dans le domaine de télécommunications, le Yémen est encore au stade de la troisième génération (3G), avec des réseaux de deuxième génération. Actuellement, le service de quatrième génération (4G) a été introduit dans le secteur de télécommunications au Yémen, alors que d’autres pays sont passés à la quatrième génération depuis 2010 et ont commencé à utiliser la cinquième génération depuis 2020.

Il poursuit : « Nous avons besoin de redoubler d’efforts pour améliorer le secteur de télécommunications au Yémen, et que pendant la période du conflit, il n’y a eu aucune amélioration significative pour développer ce domaine comme cela était le cas auparavant. Il souligne les principaux défis qui entravent le développement du secteur de télécommunications au Yémen, en particulier le conflit en cours dans le pays, qui a contribué considérablement à la détérioration de l’infrastructure ».

Il estime que la neutralité du secteur de télécommunications au Yémen, associée à des efforts visant à l’améliorer et à développer ses services, pourrait contribuer à la relance de ce secteur, considéré comme l’un des secteurs importants. Cela est d’autant plus crucial étant donné que la situation géographique du Yémen encourage les investissements dans ce domaine, avec le passage de plusieurs câbles sous-marins à travers les eaux régionales et yéménites. De plus, la demande pour ces services reste élevée.

Malgré les services variés fournis par différentes sociétés de télécommunications au Yémen, qui restent faibles par rapport à celles offertes dans d’autres pays, de nombreux citoyens dans différentes régions du pays souffrent d’une couverture médiocre. Cela affecte particulièrement ceux qui dépendent des services de télécommunications dans leurs activités quotidiennes, ainsi que dans l’accès à l’information, et les citoyens qui utilisent les services de télécommunications pour rester en contact les uns avec les autres.

Les utilisations de ces services

Rashed Mohammed, activiste social, parle des utilisations les plus importantes des services de télécommunications au Yémen, soulignant que les utilisations de télécommunications et de l’Internet sont nombreuses et variées en fonction des besoins des utilisateurs de ces services. Certains les utilisent comme outil de communication avec les autres et pour rester informés de tout ce qui est nouveau, pour satisfaire leur désir d’acquérir des connaissances. D’autres les utilisent pour leurs besoins importants dans le domaine des transactions bancaires, du paiement des factures de téléphone, des transferts d’argent, et pour la gestion des affaires, telles que la vente directe.

Il a ajouté que parmi les utilisations importantes des services Internet, il y a la consultation directe des réseaux sociaux variés et en constante évolution, la promotion des talents, la sensibilisation aux nombreuses questions sociales, la promotion touristique grâce à la diffusion d’images de paysages magnifiques, contribuant ainsi à renforcer le tourisme intérieur et extérieur, mettant en avant les jeunes talents parmi les poètes, et se familiarisant avec leurs œuvres poétiques en toute simplicité, en plus de la couverture médiatique de toutes les occasions, incarnant ainsi l’identité yéménite et exprimant la réalité.

Les services offerts par le secteur de télécommunications au Yémen sont diversifiés et revêtent une importance cruciale dans la vie quotidienne de l’individu. Presque chaque personne possède un téléphone pour rester en contact avec les autres, en plus des différentes utilisations d’Internet. Ce secteur permet aux individus de rester en contact constant avec le monde. Par conséquent, il est impératif de travailler collectivement pour appeler toutes les parties à ne pas cibler les services de télécommunications et d’Internet, de les éloigner de tout conflit politique, de mettre fin au conflit et de travailler à améliorer le service de manière positive pour servir économiquement le pays.

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