Les créateurs de contenu au Yémen se tournent vers les réseaux sociaux

Sawt Al-Amal (La Voix de l’Espoir) – Yasmine Abdulhafeez

De nombreuses personnes créatives ayant des talents dans de nombreux domaines se sont tournées vers les réseaux sociaux pour montrer leurs œuvres et les communiquer à une grande partie du public. La demande de réseaux sociaux par les créateurs de contenu yéménites a augmenté ces dernières années après avoir constaté que les institutions médiatiques du pays étaient occupées à couvrir l’actualité du conflit, qui en contrôlait une grande partie.

Les créateurs de contenu yéménites, dans divers domaines, ont trouvé dans les réseaux sociaux une opportunité de présenter leurs talents et leur créativité et d’exprimer leur désir de produire des œuvres qui imitent la réalité, reflètent le patrimoine, proposent des histoires inspirantes et des programmes abordant des questions spécifiques, en plus d’identifier les talents de nombreux Yéménites.

Nada Momene, l’une de ces créatrices, qui a utilisé les réseaux sociaux comme espace pour présenter ses œuvres dans le domaine de la photographie de mariage à partir de photos et de vidéos, surtout WhatsApp et Facebook. Grâce à la publication de nombreuses œuvres, elle a pu toucher un grand nombre d’adeptes et de fans de ses créations dans le domaine du tournage d’événements.

Nada est devenue une éminente photographe de mariage dont la créativité est reconnue par ceux qui suivent ses œuvres du tournage de divers événements, tout comme ont réussi de nombreux jeunes hommes et femmes intéressés par ce domaine, qui ont pu, grâce à divers moyens de communication, atteindre un grand nombre de personnes, et ont été plus communiqués et plus demandés à couvrir des fêtes et des événements.

Les créateurs de contenu les plus remarquables

De nombreux jeunes créatifs au Yémen ont fait des espaces à travers diverses applications et ont produit des œuvres qui reflètent leurs créativités. Grâce aux réseaux sociaux, ils ont pu atteindre les institutions médiatiques et les ont même rendus célèbres dans de nombreuses œuvres télévisées, notamment des écrivains, des présentateurs de émissions, des acteurs, des réalisateurs et d’autres domaines nécessaires aux différentes institutions médiatiques.

De nombreux noms de créateurs de contenu de deux sexes sont apparus sur les réseaux sociaux au Yémen, qui ont présenté des œuvres dans tous les domaines sociaux, humanitaires, artistiques et d’autres, et ont eu un public comparable aux adeptes des célébrités à la télévision et dans d’autres médias.

Cela a été confirmé par Salah Al-Jondi, journaliste et présentateur d’une émission diffusée sur la chaîne YouTube « Expatrié yéménite en Amérique », qui a déclaré que les différentes plateformes de réseaux sociaux ont contribué à créer de grandes opportunités pour les créateurs de contenu yéménites, qui sont devenus, grâce à eux, des créateurs d’opinion influents, en plus de la renommée qu’ils ont acquise grâce à ces moyens, surtout YouTube.

Al-Jondi en a attribué la raison aux progrès technologiques qui ont facilité l’accès des gens aux plateformes de réseaux sociaux, ce qui a conduit à la réticence d’un grand nombre des gens à suivre les chaînes satellite et d’autres médias.

Il ajoute : « Après que de nombreux créateurs de contenu aient réalisé de grands profits en regardant leurs différentes œuvres, tout en obtenant la renommée dans la société yéménite et au-delà, de nombreux créateurs ont décidé de créer des comptes sur les réseaux sociaux ».

De nombreux créateurs de contenu yéménites ont acquis une grande renommée, dont Mohammed Noman, Hassan Al-Jafri, Mohammed Al-Shishane, Fawaz Al-Takari, Ahmed Al-Jaishi, Saddam Al-Azzi, Hussam Al-Slawi, Muhib Abdo, Zakaria Yaslam, Hashem Al-Ghaili, Abdellatif Al-Zailai, Manal Al-Shaibani, Amirah Al-Humaidi, Arwa Abdelkrim, Shaimat Munasr Muhareme et bien d’autres.

Le but de l’utilisation de ces réseaux

Zakaria Yaslam Al-Hemyari dit : « Il y a des objectifs à plusieurs niveaux, y compris personnels et sociétaux. Les objectifs personnels sont de devenir célèbre et d’ouvrir un nouveau accès pour gagner sa vie sans trop de coûts. Quant au niveau sociétal, l’objectif le plus important est de changer les visions et les idées de la société et de lui fournir de nouvelles informations ou des façons de penser différentes pour faire face aux défis économiques, sociaux et même politiques ».

Il ajoute : « Les réseaux sociaux représentent une passerelle permettant aux créateurs de contenu débutants et professionnels d’atteindre le public cible sans intermédiaires (journaux, radio, chaînes de télévision). Ces plateformes sont quasiment non payées »

Dans sa parole, il souligne que les réseaux sociaux jouent un rôle important à faire arriver le contenu au public cible et à fournir des statistiques sur l’interaction avec les vidéos et les publications pour connaître les intérêts du public.

Il poursuit en disant : « De plus, ils fournissent des conseils et des formations pour développer la création de contenu et suggèrent certains sujets à participer ».

Al-Khansa Yahya, une créatrice de contenu numérique abordant les questions de société et de développement de manière comique et au dialecte local, affirme que les objectifs de l’utilisation des réseaux sociaux par les créateurs de contenu sont nombreux, dont avoir une interaction et augmenter le nombre de adeptes et le marketing.

Elle a ajouté : « Ils aident à transmettre un message ou des questions à discuter au segment le plus large possible et avoir une interaction. Cela permet également de diffuser votre contenu à un large niveau et, grâce à eux, vos œuvres sont suivis et vous pouvez obtenir des opportunités d’emploi dans des institutions dont leur domaine est intéressé par ce contenu ». Elle estime que l’importance des réseaux sociaux pour soutenir les créateurs de contenu est dans le fait d’offrir la possibilité d’apprendre de manière plus large, plus rapide et avec de multiples options.

Des défis et des solutions

Il a expliqué : « Il y a ceux qui sont obligés de louer ces outils dans des magasins spécialisés. Ici, de nombreux créateurs de contenu ont du mal à payer les frais de louer, en plus de la difficulté d’obtenir des permissions, que ce soit des autorités ou des citoyens eux-mêmes, notamment si le créateur de contenu est nouveau ou débutant ».

Al-Jafri estime que la faiblesse financière de nombreux créateurs de contenu est l’un des défis les plus importants pour ceux qui souffrent de difficultés à couvrir tous les coûts de la photographie, surtout en l’absence de leurs soutiens.

Pour sa part, Osama Adel, podcasteur, affirme que la faiblesse d’Internet entraîne des difficultés pour atteindre le plus grand public, en plus de la faiblesse des aspects techniques et de l’absence d’un grand marché pour les créateurs de contenu. C’est l’un des défis les plus importants rencontrés.

« Les défis des créateurs de contenu yéménites sont nombreux, notamment le manque d’accès de nos œuvres en dehors du Yémen, et si une œuvre se propage, d’autres n’atteignent pas un public suffisant. Le problème est de restreindre le contenu yéménite au Yémen uniquement, il y a de nombreux exemples comme l’interdiction de certaines applications et la difficulté de lier des comptes au programme publicitaire de Google ». C’est ce qu’a dit Moheb Abdo, le premier peintre sur fil au Yémen et au Moyen-Orient.

Il a souligné : « Je pense que l’effort que les Yéménites ont mis dans le contenu si c’était dans un autre pays, chaque yéménite aurait été créateur de contenu et l’un des meilleurs et des plus forts créateurs de contenu au monde ».

Dans son entretien avec le journal Sawt Al-Amal, il a ajouté qu’il y a de nombreuses solutions, notamment que les jeunes du pays travaillant dans l’industrie du contenu doivent continuer, et le plus important est qu’ils aient de nobles objectifs qui servent la société, et non pour le but de la gloire et de l’argent.

Il estime que les réseaux sociaux pour les créateurs de contenu – surtout les Yéménites – sont importants pour faire connaître la personne, faire reconnaître son talent et lui donner un moyen de faciliter ses diverses créativités.

Il a aussi souligné que le bénéfice financier pour les créateurs de contenu au Yémen n’est obtenu que grâce à YouTube, qui est une application très difficile et nécessite beaucoup d’efforts pour obtenir un bénéfice financier.

Pour sa part, Khaled Al-Yousfi, journaliste, cinéaste et créateur de contenu visuel, dit : « L’un des défis des créateurs de contenu au Yémen est la faiblesse d’Internet et la difficulté de production pour de nombreuses raisons, dont l’interdiction de photographier, bloquer les sites de réseaux sociaux, ainsi que les intérêts du public ».

Il estime que parmi les solutions et propositions possibles pour affronter et surmonter ces défis figurent l’amélioration de l’Internet, la réduction des forfaits d’abonnement, l’augmentation des données et la facilitation du processus de photographier selon un système spécifique.

Le contenu fourni

Les aspects dominant le contenu fourni sur les réseaux sociaux au Yémen sont divers, ils mettent en avant des questions sociales, économiques, développementales, éducatives, culturelles, artistiques et d’autres. Il y a de nombreux programmes présentés sur les plateformes de réseaux sociaux qui abordent de nombreux problèmes et véhiculent même un message et des objectifs nobles dont les créateurs cherchent à servir leur communauté en en discutant. La plupart de ces programmes racontent la souffrance des Yéménites et décrivent l’amère réalité dans laquelle vivent de nombreux individus et familles, traitent d’histoires tristes et douloureuses et recherchent des donateurs caritatifs pour ces familles touchées par la pauvreté, la maladie ou le conflit. Il y a des programmes satiriques qui abordent des questions sociales de manière sarcastique, et d’autres qui abordent la créativité et le talent sous de nombreux aspects, et d’autres.

Elle ajoute : « Le contenu numérique est devenu l’un des moyens les plus puissants sur lesquels on peut s’appuyer dans nombre de nos œuvres, qu’ils soient médiatiques ou marketing, d’autant plus que le monde évolue jour après jour vers la modernité (Modernité est renouveler ou met à jour ce qui est ancien, que ce soit dans le domaine culturel, intellectuel, historique ou autre) ». Elle estime que l’industrie du contenu est un domaine émergent au Yémen, en voie de croissance et de développement, et on remarque que le public est devenu plus enclin au contenu numérique.

Elle poursuit : « C’est ce qui nous aidera, en tant que créateurs de contenu, à essayer d’innover et nous ouvrira de nouveaux horizons pour présenter nos idées malgré les difficultés rencontrées, telles que les pannes d’Internet, la faiblesse des réseaux de communication et le manque d’encouragement et de soutien de toutes les parties concernées. Pour tout créateur de contenu, il s’agit d’un très gros défi car il se retrouve dans un environnement peu propice ou proportionné à ce qu’il cherche à mettre en œuvre ».