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La littérature yéménite sur la scène internationale: une présence distinguée malgré les défis

 Haneen Al-Wahsh – Sawt Al-Amal (La Voix de l’Espoir)

Le conflit armé au Yémen a eu des répercussions dévastatrices sur divers aspects de la vie, provoquant la pire crise humanitaire au monde selon des estimations et des rapports internationaux. L’impact de ces conséquences ne s’est pas limité à la vie quotidienne et aux déplacements des personnes, mais a également affecté le dynamisme culturel et littéraire pour lequel le Yémen est réputé, entraînant ainsi son affaiblissement et son négligemment.

Les écrivains au Yémen vivent les tragédies de ce conflit, avec la domination du conflit politique sur la scène. Cependant, certains écrivains et intellectuels ont réussi à s’extraire de l’épicentre du conflit et à établir une nouvelle vie à l’étranger, tout en portant avec eux le message de la littérature, qu’elle soit du patrimoine yéménite ancien ou contemporain, à travers le monde.

Malgré les difficultés et les défis auxquels le Yémen est confronté, y compris le conflit en cours, la littérature yéménite bénéficie d’une présence remarquable sur la scène culturelle mondiale. La littérature, en tant que langage d’expression de soi et d’identité, trouve toujours son chemin vers l’épanouissement, même dans les conditions les plus difficiles.

Il existe plusieurs formes de présence de la littérature yéménite à l’étranger, notamment la publication des œuvres littéraires yéménites dans des maisons d’édition arabes et étrangères, sous forme imprimée ou numérique. De plus, les écrivains yéménites participent à de nombreux concours littéraires internationaux et reçoivent des prix prestigieux.

Les écrivains yéménites donnent des conférences et dirigent des séminaires dans des universités et des institutions culturelles à travers le monde, ce qui a un impact direct sur les publics ciblés. En outre, ils créent des sites web et des blogs pour publier leurs œuvres en toute liberté et sans restriction. Ils utilisent également les réseaux sociaux pour promouvoir leurs œuvres et interagir avec le public.

La résurrection de la mort

La présence de la littérature yéménite à l’exposition annuelle organisée chaque année au Caire se caractérise par une production abondante. Elle a constitué une porte d’entrée pour de nombreux écrivains yéménites, leur permettant de diffuser leurs œuvres littéraires en dehors du cercle du conflit que connaît leur pays.

Le Dr. Hani Alselwy, président de la Fondation (Arweqh) pour l’édition, affirme que la littérature yéménite semble presque dominer la foire annuelle par sa présence, soulignant l’engagement de la fondation à publier les nouvelles œuvres intellectuelles, littéraires et de recherche yéménites, qu’il s’agisse d’auteurs confirmés ou émergents.

Il ajoute : « Il y a de nombreux défis auxquels nous faisons face, le principal étant le manque de ressources, mais nous réussissons chaque fois à les surmonter. ». Il souligne également : « Chaque année, les productions littéraires des auteurs yéménites augmentent, ce qui constitue une présence marquante de la littérature yéménite dans les forums arabes, et pas seulement au Caire ».

Une présence historique

La littérature yéménite tire sa présence dans les forums internationaux et arabes précisément de son patrimoine historique. Les écrivains yéménites ont contribué de manière significative au développement de la littérature arabe, en particulier la poésie, et le Yémen a présenté des modèles remarquables de poésie et de prose raffinée au niveau mondial.

Il reste gravé dans les mémoires la présence marquante de la littérature yéménite dans de nombreux festivals, notamment le Festival Abu Tammam à Mossoul, où le poète yéménite Abdullah Al-Baradouni a remporté un prix en 1971, en concurrence avec les poètes arabes les plus renommés et influents.

Al-Baradouni a ensuite remporté le Prix international Ahmed Chawqi de la créativité poétique dix ans plus tard, lors d’un festival organisé au Caire, établissant ainsi une nouvelle ère et une nouvelle phase pour la poésie yéménite dans la mémoire arabe riche en littérature et en poésie.

Le roman Al Rahîna (Le bel otage) de l’écrivain yéménite Zayd Mutee’ Dammaj a obtenu une reconnaissance historique dans la littérature mondiale ; il a été traduit en plusieurs langues internationales, notamment en français, en anglais et en allemand.

Ces romans, ainsi que d’autres productions littéraires yéménites, ont constitué une base solide pour la présence de la littérature yéménite tant au niveau arabe qu’international. Cette présence notable se reflète actuellement dans le nombre croissant de romans yéménites traduits en plusieurs langues, notamment certaines œuvres de l’écrivain yéménite Ali Al-Muqri.

En 2020, le romancier yéménite Najeeb Nasr a remporté le Prix Katara du Roman Arabe pour son ouvrage (Un Demi-Homme). Le critique Alawi Al-Malgami a également reçu le même prix dans la catégorie des études sur la recherche et la critique romanesque.

La présence de la littérature yéménite au niveau arabe en 2020 constitue un couronnement pour la littérature yéménite, après que le romancier yéménite Habib Saroriait remporté le Prix Katara lors de sa cinquième édition en 2019 pour son roman (Une inspiration).

Dans le paysage poétique, en plus des prix remportés par le poète Al-Baradouni, le célèbre poète yéménite Abdulaziz Al-Maqaleh a remporté le Prix international Ahmed Chawqi de la créativité poétique lors de sa première édition, devenant ainsi le premier poète arabe à recevoir ce prix en dehors de l’Égypte.

Réduction des compétitions locales

Le paysage politique semble dominer l’ensemble des secteurs au Yémen, et avec l’intensification du conflit armé, de nombreuses activités littéraires organisées par des institutions locales, qu’elles soient gouvernementales ou privées, ont considérablement diminué.

La compétition littéraire au Yémen a également diminué après la disparition de plusieurs prix qui étaient annoncés chaque année, tels que le Prix du Président de la République pour la poésie et la nouvelle, ainsi que d’autres catégories littéraires.

Le poète yéménite Moaz Al-Samie commente : « Le déclin de la présence littéraire sur la scène yéménite n’est pas dû à l’absence de compétitions et d’activités, mais à la négligence dont souffrent les écrivains et les penseurs eux-mêmes ».

Il confirme avoir reçu de nombreuses invitations de pays arabes et étrangers pour participer à des événements et festivals de poésie importants à l’étranger, mais il n’a pas pu y participer en raison du manque de réponse des autorités gouvernementales compétentes à sa demande légitime d’obtenir un billet d’avion.

Il ajoute : « Le conflit armé n’aurait pas duré dix ans s’il y avait eu un véritable intérêt pour la littérature, qui, par sa présence vivante, influence la conscience de la société, son comportement et ses façons de penser et d’agir ».

De son côté, le critique littéraire le Dr. Sadeq Al-Kamali estime que la politisation de la littérature a joué un rôle majeur dans son déclin et dans la baisse de l’intérêt du public et du gouvernement à son égard. Il affirme que la division politique actuelle s’est répercutée sur la scène culturelle, la rendant vulnérable à la fragmentation et à la disparition.

Il explique que l’augmentation des productions littéraires, combinée à l’absence d’impact et à leur exclusion des compétitions arabes, est due à l’absence du rôle du critique littéraire yéménite. Il souligne la nécessité de créer des centres de recherche et d’autres institutions littéraires spécialisées dans la critique. En ce qui concerne l’importance de la participation de la littérature yéménite aux événements littéraires, Al-Kamali déclare : « Cela constitue une forme de réhabilitation d’une histoire littéraire yéménite existante depuis toujours, mais qui a été marginalisée et confisquée ».

Il appelle tous les écrivains yéménites à participer sans hésitation aux compétitions locales et arabes, affirmant sa conviction que la littérature yéménite traverse encore l’une de ses périodes les plus florissantes, les plus productives et les plus modernes, répondant ainsi aux aspirations contemporaines.

Il a également exhorté les maisons d’édition yéménites basées à l’étranger ainsi que les services culturels à organiser régulièrement des événements littéraires yéménites, à accorder une place importante à la critique pour présenter ces œuvres, et à contribuer à leur promotion et à leur diffusion à l’échelle mondiale.

La littérature yéménite se distingue par sa richesse, sa diversité et son histoire ancienne, laissant une empreinte claire sur la littérature arabe, malgré les défis auxquels elle est confrontée.

Le Yémen connaît également une activité notable des forums littéraires, bien que la plupart d’entre eux soient le fruit d’initiatives individuelles de jeunes. C’est ce qui les rend saisonniers, selon le poète Abdu Saïd, qui souligne que la majorité de ces forums ont cessé en raison des défis financiers.

L’écrivain Hani Alselwy souligne la présence active de la littérature yéménite sur la scène arabe, malgré les lourds défis et difficultés auxquels sont confrontés les écrivains yéménites.

La présence de la littérature yéménite dans les forums internationaux constitue une fenêtre importante pour présenter l’identité et la culture diversifiées du Yémen. Elle revêt une grande importance stratégique et culturelle, notamment en renforçant l’identité nationale, en mettant en avant son unicité dans la scène culturelle mondiale, en ouvrant de nouvelles perspectives pour les échanges civilisationnels et culturels entre le Yémen et le reste du monde, et en favorisant le dialogue littéraire et culturel. Cette présence contribue également à établir des ponts entre les différentes composantes sociales du Yémen, à changer les stéréotypes dominants sur le Yémen, à mettre en lumière le visage civilisé et humanitaire du peuple yéménite, à fournir un soutien moral aux écrivains yéménites, et à encourager leur production créative.

Cependant, la présence de la littérature yéménite sur la scène internationale représente un défi majeur, mais elle constitue également une opportunité en or pour mettre en valeur la richesse culturelle de la littérature yéménite. Cela nécessite une coopération accrue entre les écrivains, les intellectuels, les institutions culturelles et le gouvernement afin de surmonter les difficultés et les obstacles rencontrés par cette présence.

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