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La responsabilité des médias dans la promotion de l’importance de la santé mentale au Yémen

Afrah Borji – Sawt Al-Amal (La Voix de l’Espoir)

Les médias yéménites jouent un rôle important et efficace dans la discussion des différentes questions, y compris les questions sociales et scientifiques, et accordent une attention particulière aux questions de santé mentale auxquelles sont confrontés les individus et la société, y compris les professionnels des médias eux-mêmes. Le conflit est l’une des principales causes de la propagation des maladies mentales au Yémen ; il est donc essentiel de discuter de ces questions et de les résoudre pour éliminer leur propagation et aider les individus à les surmonter en renforçant la santé mentale.

Par conséquent, les médias yéménites assument la responsabilité de sensibiliser aux questions de santé mentale en mettant l’accent sur ces questions au Yémen à travers les émissions de télévision, les articles de presse et de radio, en diffusant des informations exactes sur les différentes maladies mentales, en encourageant les gens à demander de l’aide et en sensibilisant à l’importance de la santé mentale pour la société dans son ensemble, y compris pour les professionnels des médias.

Dans un rapport de l’Organisation mondiale de la santé en 2024, intitulé « La lutte silencieuse : La crise de la santé mentale au Yémen », il est indiqué que de nombreuses régions du Yémen souffrent d’un grave manque de services de santé mentale et de soutien psychosocial. Il est estimé que le nombre de personnes souffrant de traumatismes psychologiques et de stress causés par le conflit continu atteint environ 7 millions, soit près d’un quart de la population yéménite. Bien que tous aient besoin d’un soutien psychologique, seuls 120 000 d’entre eux peuvent accéder régulièrement aux services.

En ce qui concerne le rôle des médias, il est regrettable qu’ils n’accordent pas suffisamment d’attention à la santé mentale ou aux personnes touchées au Yémen. Le contenu offensant diffusé par certains médias et réseaux sociaux renforce la stigmatisation sociale de ces patients et complique leur accès aux services de traitement nécessaires. Pire encore, cela conduit souvent à leur exclusion de la société et à leur incapacité à mener une vie normale en raison de leur maladie.

En revanche, de nombreux rapports médiatiques soulignent l’importance du rôle des médias dans la promotion de la santé mentale de la société en sensibilisant à son importance et en diffusant des informations sur la manière de la préserver. Ils mettent également en avant l’amélioration de l’image des patients souffrant de troubles mentaux, en les présentant de manière positive pour montrer leurs capacités et leurs potentialités.

Ces rapports insistent également sur la nécessité pour les professionnels des médias de prendre conscience de leur responsabilité et de devenir des défenseurs des causes des patients souffrant de troubles mentaux, de défendre leurs droits et de leur faire sentir leur importance et leur rôle essentiel dans la société.

Les victimes du conflit

Le journaliste Mohammed Salah a été arrêté et torturé par l’une des parties en conflit pendant cinq ans, laissant des cicatrices profondes sur son corps et son esprit. Il a transformé son expérience douloureuse en une plateforme de sensibilisation à l’importance de la santé mentale, mettant en lumière la souffrance d’un groupe souvent marginalisé dans nos sociétés.

De nombreuses journalistes yéménites ont également été profondément traumatisées au cours des années de conflit qui ont ravagé le pays. Ces femmes ont fait face à de graves dangers lors de la couverture des événements, subissant arrestations, détentions et violences physiques. Elles ont également souffert de sentiments de peur, d’anxiété et de dépression en raison des horreurs auxquelles elles ont été confrontées.

« Les journalistes au Yémen font face à des défis considérables en raison de la prolongation du conflit pendant plus de neuf ans et de l’aggravation des conditions économiques, créant ainsi un environnement de travail extrêmement difficile », a déclaré Mohammed Ismail, directeur exécutif du Centre d’Études et de Médias Économiques.

Ismail a expliqué au journal « La Voix de l’Espoir » que les journalistes sont confrontés à divers récits douloureux dans leur travail, ce qui pèse lourdement sur leur santé mentale et les expose à des conséquences graves. Il a souligné l’importance du soutien psychologique aux journalistes, indiquant que le centre a mis en place une clinique spécialisée il y a deux ans dans le but de fournir des soins psychologiques aux journalistes, aux activistes et aux professionnels des médias, dans le cadre d’un programme de soutien intégré incluant un soutien juridique et numérique.

Ismail a souligné que la clinique a dispensé plus de 500 séances de soutien psychologique au cours de la période écoulée à des dizaines de journalistes, hommes et femmes, venant de divers gouvernorats du Yémen. Il a ajouté que cette initiative traduit la conviction profonde du centre quant à l’importance de ce type de soins pour les journalistes, afin de garantir leur capacité à remplir leurs missions dans des conditions de santé optimales.

Un rôle crucial et éminent

Les médias jouent un rôle crucial et prépondérant dans la sensibilisation sociale à la santé mentale, notamment dans le contexte difficile que traverse le Yémen. Il est essentiel de développer des émissions de télévision et des reportages journalistiques qui mettent l’accent sur l’importance de comprendre ce que traverse le citoyen yéménite lorsqu’il est confronté à une crise psychologique.

Le journaliste Mohammed Al-Solwi incarne un exemple inspirant du rôle des médias dans la sensibilisation à la santé mentale, en mettant l’accent à plusieurs reprises sur les questions de santé mentale dans son émission radio « Podcast »

Il a expliqué que les médias ne sont pas très intéressés par la santé mentale pour plusieurs raisons, notamment parce qu’ils sont occupés à couvrir les conflits et la difficile situation économique que traverse le Yémen. Il a souligné l’importance de mettre en lumière la question de la santé mentale au Yémen, surtout dans un pays comme le Yémen qui souffre d’un conflit depuis neuf ans, laissant derrière lui des millions de patients atteints de troubles mentaux.

« Les statistiques indiquent qu’environ 3 millions de Yéménites ont un besoin urgent de soins de santé mentale, selon des organisations spécialisées dans ce domaine. Ce chiffre inhabituellement élevé est le résultat du conflit en cours dans le pays depuis neuf ans, qui a laissé derrière lui des tragédies humaines incommensurables », selon Al-Solowi.

Il a souligné que les médias ont une responsabilité importante de mettre en lumière les questions de santé mentale, de sensibiliser à leur importance et d’encourager ceux qui souffrent de troubles mentaux à demander de l’aide. Il a appelé tous les journalistes, en particulier ceux travaillant dans les médias yéménites, à accorder l’attention nécessaire aux questions de santé mentale à travers leurs reportages et leurs articles.

Le conflit et son impact sur les services médiatiques

Depuis neuf ans, le Yémen a fait face à un conflit dévastateur qui a touché tous les aspects de la vie, entraînant une destruction massive même des institutions médiatiques. Beaucoup ont été contraintes de fermer leurs portes, tandis que celles qui luttent pour survivre font toujours face à d’énormes défis qui entravent leur capacité à remplir leur rôle.

Une étude récente a révélé l’ampleur de la catastrophe qui a frappé les médias yéménites, avec un arrêt définitif de 4,5% des médias, tandis que les autres font face à d’énormes difficultés pour continuer.

Une outre étude réalisée par le Syndicat des Journalistes yéménites en collaboration avec la Fédération Internationale des Journalistes a révélé que 165 médias yéménites ont fermé leurs portes au cours des années de conflit. Cela inclut des chaînes de télévision, des stations de radio, des journaux, des magazines et des sites web. Environ la moitié des médias au Yémen sont désormais hors service en raison du conflit et de ses effets négatifs.

L’impact psychologique sur les professionnels des médias

Le journalisme au Yémen, comme dans d’autres pays déchirés par les conflits, est un voyage semé de dangers et de défis. Les journalistes yéménites, confrontés quotidiennement aux scènes de mort, de destruction et de souffrance, endurent d’énormes pressions psychologiques qui menacent leur santé mentale.

Aljazeera Media Institute (L’Institut des médias d’Aljazeera) a récemment publié un rapport intitulé « La santé mentale des journalistes dans un métier à haut risque », mettant en lumière l’ampleur des souffrances psychologiques des journalistes yéménites. Selon le rapport, les journalistes yéménites vivent un stress psychologique intense en raison du conflit et de ses effets, ainsi que des situations difficiles et douloureuses qu’ils rencontrent quotidiennement lors de leur travail, telles que la tenue d’interviews sensibles et l’écoute de récits de vie tragiques.

Le rapport a également souligné que l’environnement de travail est l’une des causes du stress psychologique chez les journalistes yéménites. De nombreuses organisations médiatiques souffrent d’un manque de ressources et de moyens, ce qui entraîne chez les journalistes des sentiments de frustration et de désespoir. De plus, certaines de ces organisations exercent des pressions sur les journalistes pour orienter leurs reportages.

Le site web ( Khuyut ) a publié un rapport intitulé « Les journalistes yéménites et les traumatismes psychologiques », qui aborde les conséquences du transfert des tragédies du conflit et de la crise humanitaire sur les journalistes yéménites. Le rapport a révélé les énormes difficultés psychologiques auxquelles est confronté le journaliste yéménite, y compris les défis psychologiques résultant du conflit armé en cours entre les parties au conflit.

Le journaliste Mogaheed Hamood mentionne dans son rapport une sensation de lassitude et de frustration lors de la rédaction d’articles journalistiques, affectant négativement la qualité de son travail et sa productivité. Alors qu’auparavant la rédaction d’un rapport ne lui prenait que deux jours, aujourd’hui cela lui prend plus de deux semaines à un mois. Ce recul est attribué à son état psychologique difficile, entravant sa capacité de concentration et de créativité.

Le rapport confirme que les troubles de santé mentale au Yémen ont considérablement augmenté au cours des années de conflit passées. Selon l’Organisation mondiale de la santé, un sur quatre Yéménites souffre de problèmes mentaux et psychologiques dus au conflit armé. De plus, plus de 5,5 millions de Yéménites sont affectés par des troubles mentaux et psychiatriques, selon un rapport publié par l’organisation en décembre 2022.

La crise de santé mentale au Yémen représente une bataille silencieuse nécessitant une attention urgente de tous. De nombreux Yéménites souffrent de troubles psychologiques causés par le conflit et les conditions de vie difficiles, mais ils cachent leur souffrance par crainte de stigmatisation sociale ou par manque de sensibilisation sur la manière de demander de l’aide.

Ainsi, il est impératif de mettre en place un système de soutien robuste pour les journalistes yéménites, comprenant des services psychologiques, financiers et juridiques, avec des programmes de soutien dédiés aux journalistes et aux professionnels des médias au Yémen.

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