Les médias au Yémen tentent de montrer les problèmes des mineurs malgré les difficultés
Hanan Hussein – Sawt Al-Amal (La Voix de l’Espoir)
La question des mineurs délinquants est l’une des grandes problématiques humaines et sociales au Yémen, nécessitant la mobilisation des efforts de toutes les parties concernées, y compris les médias. Ceux-ci jouent un rôle essentiel en mettant en lumière les histoires de ces enfants et les raisons qui les ont conduits à la criminalité. Ils soulignent également l’importance du rôle des jeunes dans leur réintégration au sein de la société et dans l’élévation de la conscience publique à leur égard, exerçant ainsi une pression sur les décideurs pour fournir les soins nécessaires.
Rôle important
Haidarh Al-Kazami, président du Forum national de l’enfance et de la jeunesse, dit : « Il ne fait aucun doute que les médias jouent un rôle essentiel dans la présentation des problématiques des enfants et des mineurs dans notre pays. Ils sont la fenêtre par laquelle le public prend connaissance de ces questions qui préoccupent la société, ainsi que de la souffrance de ces enfants et de l’impact des conflits et des conditions économiques difficiles sur leur vie et leur avenir ».
Il ajoute : « Depuis le début du conflit, le rôle des médias s’est affaibli au Yémen en ce qui concerne le traitement des questions liées aux mineurs et aux enfants en général, en raison de leur focalisation sur tous les aspects du conflit ».
L’importance
Concernant l’importance des médias pour mettre en lumière les questions des enfants, Ali Al-Moshki, directeur de Yémen FM, estime que les médias, qu’ils soient audios, visuels ou écrits, jouent un grand rôle dans l’impact sur la société. La présentation des problématiques des enfants au public, accompagnée des événements spécifiques les concernant, souligne cette importance. Les médias éduquent, soutiennent et informent également le public en diffusant des contenus sur les droits des enfants et les violations qu’ils subissent, ainsi qu’en enseignant les lois relatives aux enfants.
Il explique que les médias s’efforcent de transmettre les problèmes à l’opinion publique et que, quel que soit le nombre de problèmes, il est impossible qu’ils atteignent pleinement l’opinion publique et la société s’ils ne sont pas évoqués dans les médias.
De son côté, M. Al-Kazami estime que l’importance des médias réside dans leur capacité à mettre en lumière la question des mineurs délinquants sous tous ses aspects. Cela pour plusieurs raisons, dont : la contribution des médias à accroître la conscience collective sur les problèmes des mineurs délinquants, leurs droits et leurs conditions de vivre, ce qui incite la société à agir pour aider. Les médias participent également à former l’opinion publique sur leurs problèmes, à pousser les décideurs à prendre des mesures pour protéger leurs droits, et à mobiliser des financements de la part d’organisations locales et internationales pour mettre en œuvre des projets et des programmes qui traitent des effets de ces problèmes sur les enfants.
Il ajoute : « Les médias mettent en lumière les violations des droits des enfants, contribuant ainsi à tenir les responsables pour compte. Ils peuvent également soutenir les programmes de protection de l’enfance en les promouvant, en soulignant leur importance et en diffusant les activités et programmes qui concernent la question des jeunes et la protection de l’enfance ».
M. Al-Kazami estime que sensibiliser le public aux problématiques des enfants peut contribuer à changer la perception sociale des mineurs délinquants, les faisant passer de statut d’auteurs de crimes à celui de victimes ayant besoin de soins, de réadaptation et d’intégration. Lorsque la société est consciente des droits des enfants, elle devient plus protectrice et les soutient davantage.
Point lumineux
Mutahar Al-Khadhami, journaliste engagé pour les droits de l’homme (jeunesse et adolescents), a dit : « Les médias jouent un rôle important dans la sensibilisation aux problématiques des enfants pour la communauté locale et internationale, que ce soit par les médias traditionnels ou les réseaux sociaux. Cependant, le problème est dans la manière dont ces questions sont présentées et dans la mesure où le message médiatique est conforme aux normes et réglementations correctes en matière de traitement des questions relatives aux enfants, de sorte qu’il a un impact positif, plutôt que négatif, sur les enfants et les familles ».
M. Al-Khadhami estime que les médias doivent se concentrer sur la mise en lumière des mineurs délinquants afin de sensibiliser la société à la nécessité de fournir des efforts pour élever les enfants de manière adéquate et de garantir un soutien social aux familles en situation de pauvreté. En effet, la situation économique précaire des familles a un impact sur l’éducation des enfants et pousse bon nombre d’entre eux à s’engager dans des activités illégales, telles que le vol, la fraude et d’autres comportements contraires à la loi et à l’éthique.
Sur le terrain
M. Al-Kazami pense que les programmes médiatiques abordant des problématiques des mineurs au Yémen ne correspondent pas à l’importance de ces questions. Il est donc crucial de déployer des efforts considérables pour mettre en avant leurs problématiques, surtout celles des mineurs ; il est difficile de trouver un programme spécifique qui ait eu un impact sur la société.
Selon lui : « Le Yémen souffre d’une crise humanitaire qui rend difficile l’évaluation de l’impact de tout programme médiatique à long terme. De plus, il n’y a pas suffisamment d’études pour évaluer l’effet des programmes médiatiques sur le changement des comportements et des attitudes envers les mineurs délinquants ».
Marginalisation malgré l’importance
Concernant les questions des mineurs et l’importance de les mettre en lumière dans un Yémen en proie à des conflits depuis plusieurs années, ainsi que dans le monde arabe en général, M. Al-Moshki déclare : « Les enfants sont les victimes, étant la catégorie la plus faible sur le plan social, tout comme les femmes et les personnes âgées au Yémen. Malheureusement, certaines questions concernant les enfants ont été largement marginalisées en raison de l’attention des médias portée aux événements politiques, économiques et sécuritaires dans le pays, surtout celles liées au conflit ».
Il ajoute : « Si les médias marginalisent une question, la société la marginalisera ou l’ignorera, parce qu’il n’y a personne pour faire pression sur l’opinion publique et présenter les problèmes à la société ».
L’impact des réseaux sociaux
Les réseaux sociaux ont acquis une importance et un impact supérieurs à ceux des médias traditionnels pour mettre en lumière les problématiques des mineurs délinquants au Yémen. Ils constituent une plateforme puissante capable d’atteindre un large éventail de la société yéménite et du monde, contribuant ainsi à sensibiliser aux questions des mineurs délinquants et à l’impact des conflits sur leur vie.
Ces médias contribuent à diffuser rapidement des informations et des actualités, facilitant ainsi aux activistes et aux organisations de défense des droits de faire entendre leurs voix auprès du public. Ils permettent également une interaction directe entre le public et les activistes, ce qui encourage la recherche de solutions aux problèmes soulevés. Des images et des vidéos peuvent être utilisées pour documenter les violations dont les enfants sont victimes, augmentant ainsi l’impact et attirant l’attention de la société sur ces questions, et contribuant ainsi à faire pression sur les décideurs pour prendre des mesures en faveur de la protection des droits des enfants.
De nombreux rapports soulignent que les réseaux sociaux jouent un rôle crucial dans la mise en lumière des souffrances des mineurs délinquants au Yémen, à condition qu’ils soient utilisés de manière judicieuse et responsable, en mettant l’accent sur la diffusion d’informations précises et sur la protection de la vie privée des enfants.
Les défis
M. Haidarh explique que les médias au Yémen font face à de nombreux défis lorsqu’il s’agit de mettre en lumière les problématiques des enfants, surtout celles des mineurs. Les raisons de ces difficultés incluent un manque de compréhension des lois et leur faible application, un faible niveau de sensibilisation de la société sur la manière de les aborder, ainsi qu’un manque de connaissance parmi de nombreux journalistes et certains employés des institutions officielles et spécialisées qui ont un lien direct avec les questions des enfants. De plus, il y a une censure et des restrictions sur la liberté d’expression, ce qui empêche les médias de couvrir certaines questions sensibles les concernant, ainsi qu’un manque de ressources financières et humaines, limitant ainsi leur capacité à produire du contenu médiatique de qualité, sans oublier les conflits et leur impact sur le travail des journalistes, qui sont exposés à des dangers et empêchés de couvrir les événements.
Concernant les principaux défis, M. Al-Khadhami estime avec regret que les médias concentrent toute leur attention sur les questions liées au conflit au Yémen, ou proposent un contenu destiné aux enfants qui vise à refléter le point de vue de ces parties, cherchant ainsi à ancrer des idées aux objectifs politiques.
Il dit : « Les médias ne portent plus suffisamment d’attention aux programmes et au contenu qui traitent des questions des enfants à travers des messages médiatiques éducatifs visant la communauté et la famille, afin de renforcer la sensibilisation sur l’éducation des enfants, de les informer des dangers de la délinquance des enfants et des facteurs qui y contribuent, ainsi que sur la manière de lutter contre les discours de violence et de haine pour créer une société stable où les enfants peuvent bénéficier de tous leurs droits ».
Les traitements
M. Al-Kazami propose une série de solutions et de mesures qui permettraient aux médias de traiter les questions des enfants de manière efficace. Parmi celles-ci, il souligne la nécessité de soutenir la liberté de la presse et le droit à l’accès à l’information, afin de garantir un environnement sûr pour le travail des journalistes, ce qui leur permettra d’obtenir les informations nécessaires. Il est également essentiel de fournir des programmes de formation aux journalistes afin de leur donner les compétences et les connaissances nécessaires pour couvrir les problématiques des enfants de manière professionnelle et légale.
Il ajoute : « Il est nécessaire de fournir un soutien financier aux journalistes et aux médias indépendants. Il est également important que les journalistes collaborent avec les organisations travaillant dans le domaine de la protection de l’enfance, afin d’échanger des informations et des expériences. Des mécanismes de responsabilisation doivent être développés pour garantir que les responsables des violations des droits des enfants soient tenus pour compte ».
Il souligne également l’importance pour les médias de se concentrer sur la présentation d’histoires humaines touchantes et de solutions pratiques aux problèmes des enfants, tout en encourageant le public à participer à la résolution de ces problématiques.
De sa part, M. Al-Moshki estime qu’il est nécessaire de commencer à utiliser divers moyens pour sensibiliser le public aux problèmes des mineurs délinquants, afin d’essayer de réduire leur délinquance.
Un groupe d’experts et de spécialistes résume les solutions en soulignant l’importance de fournir un environnement sûr pour les journalistes afin qu’ils puissent faire leur travail librement et objectivement, ainsi que de proposer une formation sur les droits de l’enfant et les problématiques des mineurs. Il est également crucial de soutenir les institutions médiatiques qui travaillent dans le domaine des droits des enfants et de leur fournir les ressources nécessaires. De plus, il faut encourager la collaboration entre les médias et les institutions gouvernementales ainsi que les organisations non gouvernementales actives dans ce même domaine.
Les médias jouent un rôle essentiel à mettre en lumière des problématiques des mineurs délinquants au Yémen, mais ils peuvent faire face à un certain nombre de défis qui doivent être traités. Plusieurs points ont été proposés dans le rapport comme solutions et mesures, mais nous nous demandons encore : Quand les enfants du Yémen vivront-ils sans vieillir prématurément ?
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